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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 13:33

Le Nouvel Observateur publie un entretien avec le président de l'Union Nationale de la Propriété Immobilière et le questionne à propos du projet de loi visant à encadrer l'augmentation annuelle des loyers (et d'après ce que j'ai cru comprendre, il n'est pas du tout question de réglementer le montant des loyers dans l'absolu).

 

On peut lire des choses absolument hallucinantes, à mi-chemin entre la mauvaise foi crasse et le chantage : "Les prix vont flamber car il va y avoir encore moins de logements sur le marché.". Comment cela ? "Beaucoup vont refuser de louer et les autres vont renoncer à investir dans de nouveaux logements. Certains ont déjà prévu de se tourner vers l'assurance vie." Refuser de louer ? Est-il sérieux ? Peut-on réellement renoncer à 12 loyers parce que sans une augmentation de 50€ par mois ce n'est plus rentable ? Un appartement, même s'il n'est pas loué, coûte de l'argent et risque de se faire squatter ou réquisitionner ! Ça c'était pour la mauvaise foi. Le chantage : on dépensera notre argent dans des activités plus rentables. Espérons qu'elles seront bien vite surtaxées.

 

Mais ce n'est pas tout ! "Je sais une chose : le marché c'est le marché et la loi de l'offre et de la demande est une réalité économique assez solide." Ben tiens, bien sûr ! C'est connu, les gens préfèrent dormir dehors plutôt que payer un loyer plus cher que de raison ! Lorsque le choix se pose entre un loyer raisonnable et trois heures de transports en commun par jour ou un loyer déraisonnable, ce n'est plus la loi de l'offre et de la demande, c'est de l'extorsion !

 

Heureusement, il a la solution : "Il faut d'abord remettre les logements vacants sur le marché : les propriétaires ont peur de ne pas être payés ou de ne pas pouvoir expulser si ça va mal." C'était évident, voyons ! Les gens ne louent pas leurs locaux parce qu'ils ont peur de la trêve hivernale. Si on pouvait terroriser ces connards de pauvres pour les forcer à s'endetter encore plus (si possible auprès d'une banque dont le propriétaire de l'immeuble est actionnaire) pour payer leur loyer à temps, "on verra arriver très rapidement 300.000 logements sur le marché". Honnêtement, je vois mal 300.000 logements vacants attendre que leur propriétaire reprenne confiance en l'humanité. À mon avis, ils sont surtout vétustes et l'investissement pour les remettre aux normes est… un investissement : ça ne rapporte rien tout de suite, bien au contraire.

 

Autre solution : "Ensuite, il faut construire moins cher et dans les zones tendues où il faut concentrer les aides de l'Etat." Comprendre : l'état doit donner des sous aux propriétaires pour qu'ils construisent des barres merdiques. Belle philosophie.

 

Finalement, la seule parole censée de tout cet entretien : "Et enfin, il faut parvenir à la libération du parc public où il y a 378.000 ménages à revenus élevés : ils doivent laisser la place aux revenus modestes qui ont besoin de ce parc public." En effet, il serait temps que les locataires des HLM voient leur bail non-renouvelé lorsque leurs revenus ont durablement augmenté.

 

Il y a deux jours à la télé, un économiste a dit "les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain". Il voulait justifier par là les licenciements que les profanes qualifient d'abusifs. C'était probablement vrai au 19ème siècle, lorsqu'on investissait majoritairement dans de nouvelles usines. Ce n'est plus le cas aujourd'hui où on investit généralement dans des "produits financiers" dont le lien avec l'emploi est assez flou. Ce représentant des proprios semble visiblement ne pas s'en rendre compte, ou alors son arrogance est assez exceptionnelle…

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Tout est dans le titre. Ne vous attendez pas à lire de la poésie ou à voir de belles photos. Vous ne trouverez pas non plus de photos pas belles d'ailleurs.

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