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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 10:55

L'équation de Monsieur Frank Drake est une estimation du nombre de civilisations qui devraient être capables de communiquer avec nous à l'intérieur de notre galaxie. Ce nombre est égal au produit de plusieurs facteurs :

  • nombre de nouvelles étoiles dans la galaxie chaque année,
  • fraction de ces étoiles abritant au moins une planète,
  • nombre moyen de planètes habitables par étoile,
  • fraction de ces planètes sur lesquelles il existe une forme de vie,
  • fraction de ces planètes sur lesquelles il existe une forme de vie intelligente,
  • fraction de ces formes de vie intelligentes ayant envie de communiquer,
  • durée de vie moyenne d'une civilisation.

 

L'idée est de réduire l'estimation d'une valeur totalement inconnue à l'estimation de plusieurs valeurs inconnues mais plus simple à imaginer. À mon avis, le résultat est surtout la multiplication des erreurs d'approximation, mais bon, passons.

 

En utilisant des valeurs qui semblent raisonnables étant données les connaissances actuelles, on obtient généralement des résultats de l'ordre du millier. Or, nous n'avons encore communiqué avec personne...

 

Dans une conférence TEDx, David Brin propose d'ajouter d'autres facteurs à cette équation à partir d'observations faites sur notre histoire. Tout d'abord il remarque que si une vie intelligente peut apparaître sur une planète, alors il peut en apparaître plusieurs. C'est bien ce qui s'est passé sur Terre. Or, il n'en reste plus qu'une. Ajoutons donc la probabilité qu'a une espèce de survivre jusqu'à obtenir la technologie nécessaire pour communiquer avec d'autres planètes.

 

Il note aussi que Néandertal a disparu à peu près quand Sapiens s'est étendu sur toute la planète. Peut-être faut-il ajouter la probabilité que les espèces intelligentes d'une planète ne s'entre-tuent pas (même si ce fait préhistorique est toujours matière à débat dans la communauté scientifique) ?

 

Depuis l'invention des bombes à fission et fusion, nous avons le pouvoir de détruire la planète. Avant cela, nous avons aussi "inventé" la pollution industrielle qui détruit l'équilibre de notre écosystème. Il convient donc d'ajouter un autre facteur : la probabilité qu'une espèce intelligente ne provoque pas sa propre disparition. Et vu comme on est passé près de la catastrophe durant la guerre froide, et puisque nous accordons tellement plus d'importance à notre confort qu'à la pollution que nous allons laisser aux générations suivantes, cette probabilité semble assez faible !

 

Bref, en incorporant ces facteurs, on se rapproche un peu plus de la réalité observée : c'est à dire que nous sommes seuls. J'ajouterais que cela correspond aussi à une réalité technologique : les ondes radio ne voyagent qu'à la vitesse de la lumière et nous ne les écoutons que depuis quelques dizaines d'années, donc nous n'écoutons pas toute la galaxie. De plus, lorsque nous aurons écouté depuis assez longtemps pour couvrir toute la galaxie, nous aurons peut-être abandonné les ondes radio, et de toute façon les messages que nous recevrons auront probablement été envoyés par des civilisations depuis éteintes.

 

David Brin remarque aussi un autre fait intéressant : il y a sur Terre d'autres espèces "intelligentes" qui semblent ne pas réussir à dépasser un certain seuil (grands singes, cétacés...). Comment expliquer qu'à une période les primates intelligents ont foisonné, mais qu'aujourd'hui ces animaux semblent stagner ? Si nous sommes réellement les seuls à avoir atteint notre degré d'intelligence, il y a peut-être sur d'autres planètes des animaux bloqués au même seuil que les chimpanzés et les dauphins. Brin conclut en estimant que si nous arrivons à montrer que nous sommes capables de survivre jusqu'à voyager dans la galaxie, il sera de notre responsabilité d'aider ces espèces à percer le plafond qui les retient et de leur expliquer les erreurs à ne pas commettre. Finalement, l'élévation des chimpanzés et des dauphins par les humains n'est pas qu'une simple idée qu'il a eue pour écrire des livres, c'est bel et bien un espoir qu'il entretient, et moi aussi !

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 14:16

Un député, Julien Aubert, vient d'être condamné à une retenue d'un quart de son indemnité parlementaire durant un mois pour avoir usé des titres "Madame le président" et "Madame le ministre" en s'adressant à des femmes.

 

Il y a 30 ans de cela, le gouvernement français lançait une mission visant à étudier la création nouveaux mots désignant des titres, fonctions et métiers lorsqu'ils sont appliqués à une femme. L'Académie Française ne fut pas associée à ce projet et émis une première mise en garde contre une agression très probable de la langue française.

 

En 1998, un autre Premier ministre relance l'affaire dans le but d'obtenir une décision formelle à laquelle on pourrait se référer. L'Institut National de la Langue Française (aujourd'hui l'ATILF, qui a créé le TLFi) est prié de recenser les nouvelles formes "féminisées". Ce dernier publie la liste dans un rapport, indiquant par ailleurs que l'idée n'est pas très bonne et que séparer des termes neutres en deux termes, masculin et féminin, n'est pas réellement de nature à simplifier la vie des gens, ni à inscrire l'égalité des sexes dans les esprits. La liste sera adoptée et l'avis ignoré. L'Académie répète sa position en tentant d'être un peu plus pédagogique cette fois-ci.

 

En fait, la séparation grammaticale en genres masculin et féminin ne va pas de soi. Les langues altaïques en sont toutes dépourvues et la plupart des langues finno-ougriennes n'ont pas de genre non-plus. Le latin et le grec ancien font appel à trois genres, tout comme l'allemand moderne. Le latin et le grec ancien montrent d'ailleurs une variation de forme plus faible entre le masculin et le féminin qu'entre ce deux genres et le neutre, indiquant que les genres sexués sont apparus tardivement. Cela est confirmé par le déchiffrement du hittite (plus ancienne langue indo-européenne connue) qui ne connaît que les genres animé et inanimé. Des traces de cette opposition existent toujours en français : si je parle d'une femme je parle d'elle, si je parle d'un homme, je parle de lui, si je parle d'un objet, j'en parle, qu'il s'agisse d'une maison ou d'un stylographe.

 

L'ajout d'un genre permet la création de variations de forme fortement associées à un concept (ex : masculin, féminin). La suppression d'un genre, en français le neutre, brise cette association et d'autant plus en français où les inanimés sont tantôt masculins, tantôt féminins. L'Académie Française propose d'ailleurs de parler de genres marqué (celui qui, entre autres, impose d'ajouter un "e" à la fin des adjectifs) et non-marqué.

 

En français, on a donc un genre non-marqué qui, comme son nom le laisse supposer, n'indique rien de particulier et un genre marqué qui n'est utilisé que pour le féminin. Toutefois, le féminin n'est pas nécessairement marqué ! Par exemple, lorsque des éléments masculins et féminins sont mélangés, on utilise le genre non-marqué. Des féministes et les bien-pensants disent que le français est macho parce que le féminin s'efface face au masculin. L'Académie Française dit que le genre marqué est discriminatif car il n'accepte jamais les objets masculins (sauf "des amours", osé-je ajouter).

 

La position de l'Académie Française peut paraître très technicienne, voire réactionnaire. Une langue évolue. Des métiers qui étaient réservés aux hommes sont aujourd'hui ouverts aux femmes, il semble logique que la langue épouse cette évolution de la société.

 

Notons tout d'abord que le français est une langue savante : elle a été normalisée dans un souci de respect de l'étymologie et ses règles de grammaire sont complexes et précises. Le choix aurait pu être de simplifier les choses, mais ce ne fut pas le cas. Le français est donc enseigné de façon nécessairement rigoureuse et il véhicule une impression de mastodonte immuable que sa structure plongeant vertigineusement dans notre héritage historique exacerbe. Cela explique la réticence générale à modifier la langue, même parmi les gens qui ne sont pas écrivains ou prof de français. Tant que le choix n'aura pas été fait de créer un nouveau français simplifié, distinct du français contemporain, l'Académie continuera donc à défendre les règles linguistiques sur lesquelles notre langue est fondée (même si je ne lui pardonne pas "épépineur", "butineur" et "bouteur"). Par exemple, "auteure" est une abomination car en français la forme marquée des mots en -eur se termine en -euse ou -rice.

 

Finalement, même si l'Académie Française prône l'utilisation de termes non-marqués, c'est à dire qui ne sont pas porteurs d'une discrimination, elle ajoute régulièrement de nouvelles formes issues de l'usage populaire, même s'il s'agit de "féminisations". La politique de l'Académie est donc que la langue suit ce que le peuple en fait, et pas le contraire comme le voudraient les politiciens bien-pensants.

 

Nous voici donc avec un député condamné pour avoir utilisé la langue française officielle dans ce qu'elle a de meilleur, c'est à dire le refus de différencier un titre selon qu'il est porté par un homme ou une femme. Je suis très choqué que la loi impose aux représentants du peuple et du pays d'utiliser des termes n'appartenant pas au français (ni à aucune autre langue, d'ailleurs) d'autant plus que lesdits termes desservent la cause pour laquelle ils ont été forgés.

 

Le calcul politique et possiblement l'absence d'intérêt pour la question a poussé nos gouvernements successifs à faire enseigner aux jeunes générations "non, c'est pas un président, c'est une présidente parce que c'est une femme". Suivant la piste indiquée par l'Académie (qui ne soutient pas pour autant la proposition suivante), en supprimant le genre marqué nous pourrions apprendre aux enfants "c'est un président et aussi un (sic) femme, mais ça ne fait aucun (sic) différence".

 

Source.

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 10:15

Jérôme Lavrilleux, bras droit de Jean-François Copé et soupçonné d'avoir été trop créatif avec la trésorerie de l'UMP, notamment vis-à-vis des prestations de la société Bygmalion, est actuellement menacé d'être exclus de son parti.

Ce dernier vient de contre-attaquer : si on l'exclut du parti, alors il "parlera" ! Euh... Voilà... C'est fait ! Rien qu'en disant qu'il y a des choses à dire, il a dénoncé la malhonnêteté d'une partie des membres de son parti. En soit, cela est déjà choquant et on se demande pourquoi les journalistes, voire la justice, ne le harcèlent pas pour lui faire avouer les détails, puisqu'il a déjà reconnu qu'il y avait des choses à cacher.

Mais au delà de l'immédiate indignation devant l'aveu qu'il y a des politiciens véreux, ce qui est encore plus choquant, c'est qu'il désire rester dans ce parti tout en sachant qu'il s'y trouve des gens malhonnêtes. Et qu'on ne me dise pas qu'il veut y rester pour faire le ménage puisqu'il est au courant de choses qu'il cache depuis probablement longtemps et dont il se sert à des fins personnelles ! Bref, son message est "c'est un parti de pourris et je veux y rester". En le disant publiquement, il reconnaît aussi qu'il ne court aucun risque en étalant publiquement sa conviction que son parti est pourri. En cela, il se comporte comme Jérôme Cahuzac qui, en son temps, avait repris tout naturellement son activité politique après avoir été éjecté du gouvernement, dans une relative indifférence. La sensation d'impunité est profondément ancrée chez nos hommes politiques !

Finalement, on peut se demander pourquoi Jérôme Lavrilleux désire rester dans un parti qui ne veut plus de lui et dont il reconnaît qu'il est mal fréquenté. La réponse est simple : pour faire carrière dans la politique en France, il faut être membre du PS ou de l'UMP. C'est d'ailleurs pour cela qu'Arnaud Montebourg ne quitte pas le PS malgré ses critiques (si tant est qu'elles soient sincères...) : il a bien vu que Jean-Luc Mélanchon a ruiné ses chances de gouverner un jour en fondant son propre parti. Cette ambiance aristocratique commence à susciter des réaction de rejet violentes et cela pousse vraisemblablement certaines personnes à se tourner vers des personnalités politiques alternatives pas forcément plus bienveillantes...

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 13:12

La loi dite "anti-Amazon" vient d'entrer en vigueur. Elle émane de la grogne des libraires qui trouvaient anticoncurrentiel qu'Amazon puisse appliquer la remise maximum autorisée sur les livres (5%) et offrir les frais de port en même temps. En effet, les prix des livres sont uniques (par catégorie), et il est toléré de faire une offre promotionnelle de 5% maximum. Plutôt que remettre en cause leur modèle économique et entrer dans le 21ème siècle, les libraires ont demandé au parlement de mettre des bâtons dans les roues d'Amazon.

La nouvelle loi stipule donc qu'il est interdit d'offrir les frais de ports sur la livraison de livres si on offre déjà la ristourne de 5%. La parade d'Amazon était toute prête : les frais de ports à 1 centime. Le législateur n'étant pas bête, il a ajouté une clause supplémentaire : dans le cas de la vente par correspondance, la remise de 5% du prix du livre ne peut être appliquée qu'aux frais de port ! Résultat, Amazon a augmenté les prix de tous ses livres de 5%.

Au final, à moins de commander des livres pas cher et un par un, il revient désormais moins cher d'acheter ses livres en librairie, puisque ces dernières pratiquent vraisemblablement toutes la remise de 5% tout au long de l'année. Enfin, en théorie…

Outre le fait qu'il est réactionnaire d'empêcher l'innovation pour protéger des structures obsolètes, je ne suis pas certain que cette mesure ne sauve les libraires. En effet, lorsqu'on commande ses livres par correspondance, c'est qu'on ne peut pas ou qu'on n'a pas le temps de se déplacer jusqu'au centre commercial. En l'occurrence, un aller-retour en transports en communs coûte environ 3€, il faut donc acheter pour plus de 60€ de livres pour qu'Amazon soit plus cher !

Au final, les gens ne se déplaceront probablement pas plus chez le libraire qu'avant et le prix des livres aura augmenté pour tous les clients d'Amazon, réduisant globalement l'accès à la culture. Le grand gagnant, j'ai l'impression que c'est Amazon qui a été obligé d'augmenter ses prix (et donc sa marge) de 5% !

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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 13:13

Je n'aime pas l'opéra. Il y a des gens qui braillent en gesticulant, c'est nul. Pourtant j'aime la musique classique. En fait, de manière générale, je n'aime pas trop lorsque la chanson se rapproche du medium, c'est pour cela que je préfère la musique sans chant ou alors les chansons étrangères dont je ne comprends pas les paroles.

Par ailleurs j'aimais beaucoup Nightwish lorsque Tarja Turunen faisait partie de groupe, et de plus j'aime aussi beaucoup l'uragoe, technique de chant japonaise proche de la voix de tête (exemple contemporain). Bref, je me suis dit qu'il était temps que je révise mon jugement sur l'opéra.

 

Hier soir j'ai donc regardé La flûte enchantée sur Arte.

  • Chant en voix de tête : check.
  • Musique classique : check (même si Mozart n'est pas mon compositeur préféré).
  • Paroles incompréhensible : check (c'est en allemand).

 

Je m'attendais à me délecter et à découvrir un art supplémentaire que je pourrais apprécier. J'étais motivé et impatient !

 

La représentation commence avec une ouverture musicale sympathique (mais clairement pas autant que les ouvertures de Rossini), puis entre le premier chanteur sur scène… en survêtements. Le choc est rude. Arrivent ensuite trois chanteuses… en treillis… qui ne tardent pas à ôter leur veste pour montrer leurs bourrelets. Qu'on ne me reproche pas d'être nécrophile, je préfère les femmes qui ont des formes aux sacs d'os, mais est-il nécessaire de dévoiler crûment son adiposité abdominale pour chanter de l'opéra ?

 

J'ai décroché lorsqu'un peintre-ouvrier sur un escabeau discutait avec une nana en jeans attachée avec du PQ qui disait être une princesse kidnappée. J'ai décroché d'une part parce que ça devenait vraiment trop ridicule et d'autre part parce qu'ils discutaient : il n'y avait plus de musique. Je voulais écouter des gens chanter en voix de tête sur de la musique classique et je me retrouvais avec une sorte de théâtre contemporain conceptuel (il n'y avait bien entendu pas de décor).

 

Dans l'absolu, je n'ai rien contre la transposition d'œuvres anciennes dans un contexte contemporain (ou futuriste : Ulysse 31 !). Même si la chanson RAP+Pop de M.O.V.E basée sur le Canon en ré majeur sur une basse obstinée de Johann Pachelbel n'est pas vraiment leur meilleur morceau, ce n'est pas non plus un gros mollard lancé à la face de l'œuvre originale. J'avoue d'ailleurs que j'adore le remix trance de Ferry Corsten du remix électronique de William Orbit de l'Adagio pour cordes de Samuel Barber ! (Ok, vous allez me dire que l'originale date de 1936, donc ce n'est pas très ancien, mais c'est de la musique classique quand-même !) (Une seconde parenthèse pour dire que si vous trouvez, et c'est facile, le clip sur un site de vidéo, je le trouve bouleversant.)

 

Toutefois, je ne peux m'empêcher de me poser la question : quelle est la limite, s'il y en a une ? La flûte enchantée en survêt' et sur un escabeau… est-ce une interprétation audacieuse et touchante ou bien un délire crotteux d'art contemporain ? Une version contemporaine de Tristan et Iseult avec Tristan qui part à la guerre en Irak, pourquoi pas… mais avec Tristan qui part à Panam' pour faire auditionner sa maquette de RAP et sa meuf' se barre parce que Kevina était jalouse et lui a dit que Tristan revenait dans une BM' volée noire alors qu'ils étaient convenus qu'elle serait blanche ? Je ne sais pas… Telle la fosse, je suis sceptique.

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 08:36

Dans les années 90, une équipe de chercheurs italiens découvre des neurones chez certains singes et oiseaux ayant la particularité de s'activer aussi bien en effectuant une action que lorsque l'animal est en présence d'un congénère effectuant ladite action (par exemple : chanter ou entendre un autre oiseau chanter). Ces neurones ont été baptisés "neurones miroirs". On a longtemps considéré que l'être humain devait lui aussi en posséder et cela a été prouvé au début des années 2010.

 

Le fonctionnement est vraiment simple et basique : si quelqu'un touche ma main, certains neurones vont s'activer ; si je vois quelqu'un toucher la main de quelqu'un d'autre, une partie des neurones précédents va s'activer aussi. Je ne ressens pourtant pas la sensation de toucher, on pourrait donc imaginer que c'est parce que les neurones miroirs sont trop peu nombreux pour que leur signal perdure. Toutefois, si on anesthésie mon bras et que je regarde quelqu'un toucher la main d'une autre personne, alors je sentirai bel et bien la sensation sur ma main ! En fait, le corps entier entretient un feedback qui permet de limiter l'expression des neurones miroirs : je me sens mal en voyant une personne se faire renverser par une voiture, mais je ne ressens pas sa douleur, bien heureusement ! En absence du feedback du corps, l'effet va très loin. S'il me manque le bras droit et que j'ai une douleur fantôme, alors je peux masser le bras droit d'une autre personne pour soulager ma douleur !

 

À quoi servent ces neurones ? Selon toute vraisemblance, ils sont primordiaux dans le processus d'imitation. Pour imiter le comportement d'un autre individu, il ne suffit pas de regarder : il faut aussi ressentir et comprendre. On estime que l'être humain est réellement devenu plus qu'un animal rusé lorsque le nombre de neurones miroirs dans le cerveau est devenu suffisamment grand pour que les innovations les plus complexes soient transmises par imitation de façon pérenne (fabrication d'outils, feu, langage…).

 

C'est à ce point que la médecine rejoint les sciences sociales et que les chercheurs en mémétique se frottent les mains. La mémétique est aux cultures ce que la génétique est aux êtres vivants. De même qu'un être vivant est décrit par des gènes, une culture est décrite par des mèmes. Les gènes sont transmis des parents aux enfants (avec brassage et mutations), les mèmes sont transmis d'un individu à l'autre par imitation (avec mélanges et approximations). Les mèmes sont donc les éléments de base d'une culture : des idées, des concepts. La mémétique tente d'expliquer l'évolution des cultures en appliquant les règles darwinistes aux mèmes. De là, on essaie de comprendre pourquoi certains mèmes ont une forte inertie (par exemple, la chanson "joyeux anniversaire" qui est quasiment universelle) ou une forte dérive (par exemple le mème "voiture" dont l'apparence change continuellement). On appelle méméplexe un ensemble de mèmes qui optimisent leur inertie grâce à leur regroupement (exemple : une religion).

 

Bien entendu la mémétique n'est qu'un modèle. La description que j'en donne est probablement très loin de toucher du doigt la complexité des processus en jeu et j'imagine que tout ne peut pas être modélisé par la mémétique. Certains lui reprocheront d'être une tautologie (la mémétique est un méméplexe), d'autres diront qu'il est toujours bon qu'un modèle soit réflexif… Pour ma part, je suis plutôt séduit par cette tentative d'unifier différents aspects de la vie, du microscopique au macroscopique, en utilisant les mêmes mécanismes descriptifs. Ce que j'en ai lu me semble manquer de rigueur, peut-être est-ce dû à une trop grande vulgarisation, peut-être est-ce dû au manque de maturité de la discipline mais quoi qu'il en soit, c'est une science que j'ai envie de suivre de près.

 

Sources :

  • TED
  • Wikipedia
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18 mars 2014 2 18 /03 /mars /2014 15:23

C'est la conclusion optimiste d'une étude menée par des chercheurs français.

 

La presse titre "non, les SMS ne font pas choir le niveau en orthographe". N'étant pas loin moi-même d'être un grammar-nazi, forcément, je suis intéressé. Je lis donc 6 articles de presse sur le sujet et il en ressort que :

  • l'étude a été menée sur un échantillon (très) "représentatif" de 19 morveux ;
  • les chercheurs ont dépouillé très exactement 4524 SMS ;
  • l'étude a visiblement duré un an, ce qui nous fait une moyenne de 20 SMS par mois et par morveux, donc en gros un SMS par jour ouvré ce qui est très représentatif des habitudes de consommation de la jeunesse contemporaine ;
  • l'échantillon n'avait jamais possédé de téléphone portable auparavant afin de s'assurer que les morveux étaient purs, pas pollués ;
  • les morveux bons en orthographe commettent plus d'abréviations phonétiques barbares que les mauvais élèves ;
  • (ou bien, selon d'autres journaux) il n'y a aucun lien entre le niveau en orthographe et les SMS.

La conclusion est donc qu'écrire des SMS ultra-abrégés ne rend pas mauvais en orthographe. Est ajouté qu'écrire en français ou en SMS mobilise les mêmes fonctions cognitives et qu'il est donc tout aussi bénéfique d'écrire comme un porc que d'écrire proprement.

 

Hum. Moi je pense que quand on ne sait pas compter, on n'essaie pas d'apprendre aux gens comment écrire. Depuis quand une étude basée sur 19 individus permet-elle de déduire quoi que ce soit ? Bon OK, je suis mauvaise langue, ça permet de déduire la nullité des chercheurs et/ou des journalistes (en l'occurrence, je ne sais pas si l'étude est aussi affirmative que les articles de presse ou si ce sont les journalistes qui extrapolent).

 

On aimerait aussi des précisions supplémentaires. Ne pas posséder de téléphone portable avant le début de l'expérience ne signifie pas ne jamais avoir été en contact avec les SMS. Ces morveux étaient-ils autorisés à écrire n'importe qui, ou bien l'expérience a-t-elle eu lieu en vase clos ? Comment juger de l'influence de leurs camarades sur le nombre de leurs abréviations barbares ? Qu'en est-il de la grammaire ?

 

Je m'abstiendrai de conclure.

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19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 15:21

Je pique une image au site Web d'actualités d'Europe 1.

Et vous aimez les enfants… n'est-ce pas ?

Il s'agit d'une véritable campagne de pub lancée par le Premier ministre et le Ministre de l'intérieur.

Euh…

Je comptais rédiger un billet à ce sujet, mais à vrai dire, je suis coi. Qui est donc l'infatué gourdiflot qui a pondu cette navrante calinotade ?

Attendez, j'essaie !

  • Vous aimez les enfants ? Votez
  • Voter c'est jouer au foot en vrai !
  • Vous aimez les gens aimables ? Votez
  • Voter c'est envoyer un SMS en vrai !
  • Vous aimez la confiture ? Votez

En fait c'est chiant, j'arrête. Du coup, je me demande si je vais aller voter, moi…

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24 janvier 2014 5 24 /01 /janvier /2014 17:25

L'éructation, ou rot, ou renvoi, ou rapport (si si !) est l'expulsion par la bouche de gaz provenant de l'œsophage ou de l'estomac. J'en profite pour rappeler qu'en français, 'œ' se prononce /e/ (comme 'é') et non pas /œ/ (comme 'eu'). Bon, voilà, maintenant que j'ai écrit un truc vraiment important, je peux continuer à parler de rototo.

 

Un rototo peut avoir plusieurs cause : l'aérophagie (quand on se bâfre) dans quel cas il contient principalement de l'azote, les boissons gazeuses dans quel cas il contient principalement du dioxyde de carbone, ou bien les bactéries (une vache rote et pète jusqu'à 600L de méthane par jour). Une étude flamande tend aussi à prouver que les personnes qui rotent beaucoup le font plus par manie que par nécessité.

 

Un bon burp ne doit pas être forcément pris comme une insulte ou un manque de savoir vivre. À vrai dire, un burp peut être un signe de manque de… larynx. En fait ce n'est pas drôle du tout de subir une laryngectomie. Tout le monde s'est amusé à réciter les voyelles en rotant quand il était gamin. Et bien les personnes qui n'ont plus de cordes vocales sont bien obligées de s'exprimer comme ça !

 

Oui, le rototo est utile et permet à des gens vivre presque normalement en dépit de leur handicap ! Il existe deux sortes de rototo parlants (en vrai on dit "voix œsophagienne"). La première consiste à se remplir l'œsophage d'air et de roter en tentant tant bien que mal d'articuler, c'est la voix oro-œsophagienne. C'est une voix rauque, pas subtile et pas efficace (5 à 10 syllabes par aspiration d'air). La seconde méthode, dire pharyngo-œsophagienne, consiste à percer et relier l'œsophage à la trachée. Un petit clapet assure que l'air passe dans un sens mais que la nourriture ne passe pas dans l'autre. Là, on passe la seconde et on peut causer beaucoup plus vite et plus clairement, au prix d'une visite chez le spécialiste tous les huit mois pour faire changer le clapet (voire plus souvent en cas de pépin).

 

Et si tout cela ne marche pas, il ne reste plus qu'à se poser un électrolarynx sur la gorge, comme Stephen Hawking, pour générer les vibrations que les cordes vocales auraient du produire. Ça fait moins sourire, mais du coup on se sent moins un gros connard de sourire parce que des gens sont obligés de roter pour parler.

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23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 16:23

Aujourd'hui dans la catégorie "Confiture", ça va être de confiture au cochon ! Attention, "ça va fouetter", comme disait Gotainer !

 

Le prout est produit dans nos intestins par des bactéries, notamment lactobacillus casei que l'on retrouve en grande quantité dans l'Actimel, mais étrangement la pub ne vous dit pas que vous allez péter plus fort si vous en buvez. Plus une protéine est complexe (la "peau" des fayots des lentilles et du soja, la viande rouge…), plus elle produira de gaz. Un bon prout se compose d'azote, de dioxygène, de méthane, de dioxyde de carbone, d'hydrogène, de composés sulfurés (qui sentent l'œuf pourri) et de scatol.

 

Le scatol, au nom si évocateur (en tout cas plus poétique que 3-méthylindole) est un composé aromatique que l'on retrouve dans la fleur d'oranger, le jasmin et le jujubier. Il est utilisé en parfumerie aussi bien comme fragrance que comme fixateur. Attention toutefois car une grande quantité de scatol sent tout simplement la merde.

 

Le scatol est aussi produit dans les testicules des verrats, avec une autre molécule, en tant que phéromone. Depuis plusieurs années, les éleveurs de porcs castrent moins souvent les porcs mâles et en vendent tout de même la viande. Cette viande est riche en scatol et produit une forte odeur lors de la cuisson, la rendant répugnante pour certaines personnes. L'Union Européenne a donc mis en place un certain nombre de règles, et notamment de contrôles sur les carcasses de verrats afin de s'assurer que le taux de scatol n'est pas trop élevé dans la viande de consommation.

 

J'arrête là mes recherches aussi importantes que passionnantes car je pense qu'on peut le dire sans trop se tromper : "monde de merde" !

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Notice

Tout est dans le titre. Ne vous attendez pas à lire de la poésie ou à voir de belles photos. Vous ne trouverez pas non plus de photos pas belles d'ailleurs.

N’hésitez pas à me corriger si je me trompe ou à me contredire si vous avez des arguments, mais n’oubliez pas qu’ici, on n’est pas en démocratie.

Vous aurez été prévenu.

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